A bas moi ! (Eastwood)

Dans un bouquin qui lui est consacré (« Clint » de Richard Schickel. Flammarion, 39 €.), le metteur en scène préféré des français déboulonne plusieurs des films qu’il a tournés ou réalisés.

Même son chef-d’œuvre romantique « Sur la route de Madison » (1995), à propos duquel il dit que : «Durant le tournage, je me disais: “Ce truc romantique est vraiment étouffant. Je meurs d’impatience de recommencer à tirer et à tuer.”»

 

tête de smed-prep !

On aura compris que dans ce maudit blog qui nous sert simplement d’aide-mémoire et d’attrape-tout, on tente aussi de chercher dans les sciences cognitives, les mécanismes qui gouvernent notre monde.

On sait aussi (du moins ceux qui ont lu certains articles) que le phénomène des cellules souches nous intéresse au plus haut point, ne serait-ce que pour nous permettre un avenir sans cesse renouvelé.

On s’était, un jour, dans un diner pris à rêver d’un cerveau continuellement reproduit, d’une fraîcheur sans bornes : un tête renouvelée chaque jour : imaginez le coup de massue aux totalitarismes fermés et aux cervelles de têtus…

On est tombé sur un article dans « Science et Avenir » (merveilleuse revue) : le ver de terre régénère sa tête et son cerveau, lorsqu’il sont amputés et l’on vient de découvrir le gène qui permet cet exploit. Il se nomme le « Smed-prep ».

Je reproduis ci-dessous un extrait de l’article :

« Les vers planaires ont une étonnante capacité : ils sont capables de reconstituer, après amputation, des parties de leur corps y compris les plus importantes : la tête et le cerveau. Ces créatures étranges contiennent des cellules souches adultes qui ne cessent de se diviser et peuvent se transformer en tous les types de cellules manquantes. Ils possèdent également un jeu de gènes capables de veiller à ce que cette repousse ait lieu dans le bon sens et que tout les pièces se retrouvent à leur bonne place et taille. « Ces vers étonnants nous offre l’occasion d’observer la régénération des tissus chez un animal très simple qui peut se régénérer de façon remarquable » a déclaré le Dr Aziz Aboobaker de l’Université de Nottingham.« Nous voulons être en mesure de comprendre comment les cellules souches adultes peuvent travailler ensemble sur un animal déjà formé et remplacer les tissus endommagés ou les organes manquants. Toute avancée fondamentale dans la compréhension du processus peut devenir pertinente pour les humains avec une rapidité surprenante » a-t-il rajouté. Dans un article paru dans PLoS Genetics, il livre la clé de cette étonnante capacité : un gène appelé Smed-prep. »

Smed-prep est nécessaire à la différenciation correcte et à la localisation des cellules qui composent la tête d’un planaire. Il est également suffisant pour définir où cette tête doit être située sur le ver. L’équipe a constaté que bien que la présence de Smed-prep est indispensable pour que la tête et le cerveau soient à la bonne place, les cellules souches peuvent encore former des cellules cérébrales sous l’action d’autres gènes mais ces cellules ne s’organisent pour former un cerveau normal.Daniel Félix, un étudiant-chercheur qui a réalisé le travail expérimental a déclaré: « La compréhension des bases moléculaires du remodelage des tissus et de la régénération est d’une importance vitale pour la médecine ré-générative. Nous avons caractérisé le premier gène nécessaire pour la construction et la structuration des tissus en cours de régénération. » Un première pièce du puzzle qui permettra peut-être un jour de reconstruire des organes et des tissus humains.


Êtes-vous prêt ?

la corde blessante

Un de mes amis, au demeurant pas si sage que ça, débraillé et souvent ivre, prétend que quelques préceptes de vie concentrés dans de très brèves phrases ou proverbes valent mieux que tous les traités du monde.

Je me suis, souvent, moqué de lui, gentiment.

Un jour, alors que nous étions invités chez un homme très riche se vantant de sa richesse devant des convives smicards ou au chômage, cet ami prit la parole, et s’adressant à l’argenté lui dit, en riant bien sûr : « on ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu ».


Henri Atlan, fraude et catastrophisme

On a lu un bouquin d’Henri Atlan, biologiste et philosophe (De la fraude, le monde de l’onaa. Librairie du 20e et 21e siècle. 19, 95€).

Le sujet est curieux et, partant,  l’analyse par le lecteur difficile ou hésitante.

On veut, cependant donner à lire ici un texte qui peut intéresser : intéresseront beaucoup :

L’inné et l’acquis. Un entretien paru dans « Philosophie Magazine. Ici

On en donne un extrait pour ceux qui ne cliquent pas sur les liens :

 » La sempiternelle question de l’inné et de l’acquis est une source sans cesse renouvelée de faux problèmes et de malentendus. Ce furent des scientifiques de haut niveau, relayés par les media, qui ont annoncé que toutes les maladies seraient guéries grâce au projet génome humaine, y compris les pathologies sociales comme la criminalité et même la pauvreté. Les choses ont changé, comme je vous l’ai dit, en partie grâce aux résultats inattendus de ce projet. Et il est généralement admis que des facteurs d’environnement sont associés aux déterminismes génétiques et c’est évidemment un progrès par rapport au réductionnisme du même nom. Mais la question rebondit aussitôt quand on croit pouvoir « mesurer » la part innée – ou génétique, bien que cela ne soit pas la même chose – et la part acquise. Les revues scientifiques de haut niveau publient encore des études sur de telles estimations, bien que les méthodes statistiques sophistiquées utilisées reposent sur des hypothèses erronées, et que cela ait été dénoncé régulièrement par des articles critiques depuis plus de trente ans. Ces calculs n’auraient de valeur que si l’on admettait que les effets des gènes et de l’environnement s’ajoutent les uns aux autres de façon indépendante. Or il n’en est rien : les effets des gènes dépendent de l’environnement et réciproquement. Une part d’inné peut être de 40% dans un environnement donné et de 10% ou 75% ou n’importe quoi d’autre dans d’autres environnements « 

réveil kantien

Allez savoir pourquoi (en vérité ne cherchez pas à savoir…), il y a des jours où les réveils sont mystérieux, et, partant, féconds. C’est le cas aujourd’hui. Dans la cuisine, je fixe d’un regard amorphe le liquide qui coule de la cafetière, décidément bien lente. Et, curieusement, me vient, comme un flash, une pensée kantienne, la maxime bien connue du « grand chinois de Königsberg » : « Que se passerait-il si tout le monde agissait comme moi ? ».

Après avoir bu mon café, j’ai cru, un instant, vraiment un très court instant, que mon action était, effectivement, universalisable.

On se console comme on peut…

chocolat noir

«Notre étude confirme, ce que l’on soupçonnait de longue date, à savoir que manger du chocolat est quelque chose que les gens font quand ils se sentent psychologiquement mal » a déclaré Béatrice Golomb, professeur agrégé de médecine à l’UCSD School of Medicine , à propos de sa recherche publiée dans les Archives of Internal Medicine. L’étude portait sur environ 1000 sujets afin de déterminer s’il existait un lien entre consommation de chocolat et humeur.

Encore un stress lorsqu’on cherche dans nos placards une tablette. A quand une vie sans questions et du plaisir sans culpabilité ? C’est ce que vient de m’écrire un ami, en ajoutant (voir titre) qu’on est dans le « Noir désir ». Facile…

tombeau protecteur

On ne résiste pas à reproduire ici une perle enfantine :

Une question posée à un enfant : « Pourquoi un cercueil ?- Parce que, sans ça, on mourrait…on aurait froid. »

Sans commentaires, même si ceux qui glosent dans les revues de philo ou psycho en ont des tonnes, notamment sur le lieu commun de la plongée nécessaire dans le monde enfantin et « l’adulto-centrisme »…

planter des rosiers ?

Le soleil est impérial et je suis dans une chaise longue, comme un chewing-gum. Le bouquin de Chaim Potok, pourtant admirable, me tombe des mains. Les oiseaux s’en donnent à coeur joie et je sens mon visage se calciner. La vie est belle, plus que ne le crie Capra…

J’entends une voix et dans mon demi-sommeil, je crois entendre qu’il s’agit de rosiers…

Je ne réponds pas, ne bouge pas. Le ton de la voix monte d’un demi-ton, pas méchante cependant. Là j’entends parfaitement, mes yeux étant désormais ouverts : « Alors ? On les plante ces 39 rosiers à racine nue ? »

Je me lève et, par mégarde, marche sur le bouquin de Potok. Je suis furieux : je déteste les livres froissés. Et, immédiatement, comme au sortir d’un coma qui vous a remis d’aplomb la mémoire (cf billet plus bas), je récite à la voix planteuse les mots de Rousseau sur l’indolence et la paresse. Vous les connaissez, bien sûr. Mais, on ne sait jamais : je les reproduis ci-dessous :

« Il est inconcevable à quel point l’homme est naturellement paresseux. On dirait qu’il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements  nécessaires pour s’empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient tant les sauvages dans l’amour de leur état que cette délicieuse indolence. Les passions qui rendent l’homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l’homme après celle de se conserver. Si l’on y regardait bien, l’on verrait que, même parmi nous, c’est pour parvenir au repos que chacun travaille: c’est encore la paresse qui nous rend laborieux.»

la terrasse de Dieu

Discussion entendue à la terrasse d’un café, entre deux adolescents :

Le blond à la chemise Lacoste : « En réalité c’est la question de la poule et de l’oeuf : la poule vient d’un oeuf. Mais qui a pondu l’oeuf qui vient d’une poule ? Là, ami, tu touches l’infini. Impossible de continuer. On est dans l’impensable… »

Le brun, au jean délavé : « La cause première , quoi ! la cause , cause d’elle même. Tu as raison : non pensable par les humains ».

Et, stupeur, le garçon de café leur dit, tout en agitant son éponge sur une table voisine : « Si c’est de Dieu dont vous parlez, vous avez raison. Comme le rappelle Kant dans le Critique de la Raison pure, il n’est pas du pouvoir de la raison humaine de démontrer l’existence ou la non-existence de Dieu. Ce qui d’ailleurs démontre que la causalité est un leurre, une idée nécessairement fausse, du même type que celle qui affirmait que la terre est plate. Je vous sers une autre bière ?

Je donnerai, plus tard l’adresse de ce café parisien. J’y retourne, d’abord, demain.

multitâche

Pour ceux qui s’intéressent aux nouvelles technologies, ce qui est, somme toute, la moindre des choses, il existe une tare, un vice de l’Iphone d’Apple (évidemment tous le possèdent…) et de l’Ipad qui va déferler sur le marché français dans quelques jours : ils ne sont pas « multitâche ». Mot barbare qui signifie, tout simplement, que deux applications ne peuvent être ouvertes simultanément, comme sur un ordinateur muni de Windows ou de l’OS d’Apple.

Le nouvel Iphone (avec OS 4) va bientôt remédier à ce défaut qui nous empêche de dormir…

Cependant, on ne peut en vouloir aux concepteurs d’Apple puisqu’en effet le cerveau humain ne peut, à l’inverse de ceux qui s’en vantent faire, deux choses à la fois.

C’est ce que démontrent deux chercheurs de l’Inserm (Étienne Kœchlin et Sylvain Charron)

Je cite un article du Figaro sur le sujet : « Chacun des deux hémisphères cérébraux ne pouvant gérer qu’une tâche à la fois – c’est une limite indépassable – le cerveau n’est donc en mesure de coordonner qu’un maximum de deux actions en parallèle et successivement. »

« Faire deux choses à la fois, cela nous arrive tous les jours, comme faire la cuisine tout en répondant au téléphone ou conduire une voiture tout en discutant avec un passager. Il ne faut surtout pas confondre ce type d’action avec des actes automatiques comme de regarder quelque chose ou de marcher dans une pièce. La notion de «tâche» ou d’action, utilisée dans cette étude, est bien particulière. Les chercheurs en neurosciences considèrent par exemple que conduire une voiture ou jouer du piano constitue globalement une tâche alors que pourtant ces activités sont complexes et nécessitent de faire beaucoup de choses à la fois, ce qui n’est possible qu’après un apprentissage plus ou moins long. «On engage une action ou on s’engage dans une tâche quand on a un but, un objectif, une intention délibérée», souligne Étienne Kœchlin. »

On insère l’image :

Avis aux vantards !!!


bon sujet de roman. Titre: »l’ilôt »

Pour ceux qui sont en panne d’inspiration pour le roman qu’ils comptent écrire un jour (comme tous…) je suis, aujourd’hui très sympa et livre un bon sujet et un titre qui n’a rien à voir avec celui de Houellebecq.

On part de l’article lu dans « Le Monde » que je résume ici : une jeune croate qui en était à un simple apprentissage de l’allemand dont il balbutiait quelques mots se réveille, après un coma prolongé, en le parlant couramment, avec des expressions d’une richesse digne d’un professeur de lettres. Mieux encore, elle ne s’exprime désormais qu’en allemand et n’utilise plus sa langue maternelle.

Attention ! Il ne s’agit pas d’un miracle ou de science fiction matrixienne. Le phénomène est, semble t-il explicable par la notion de « capacité cognitive »  : »Son cerveau a, sans doute, ingurgité davantage de connaissances en allemand que ce qui apparaissait à la surface. Elle a dû assimiler, un peu comme un magnétophone en mode enregistrement, davantage que ce qu’elle avait été capable de reproduire consciemment. » nous dit un neurologue.

Je cite, encore, l’article : « Des études récentes ont montré que la perception, la mémorisation et l’utilisation des informations qui parviennent du monde extérieur, sont en grande partie effectuées de manière non-consciente. « Pour le flux permanent d’informations que nous traitons en permanence, l’accès à la conscience est plus une exception qu’une règle », analyse Stein Silva, chercheur en neurologie à l’Inserm de Toulouse. « Je prendrais un exemple de la vie courante : la conduite automobile. Une quantité importante d’informations visuelles sont perçues et intégrées pour permettre la mise en place de comportements automatiques, en dehors de la focalisation de l’attention et de l’émergence des processus conscients. »

Le cerveau des patients dans le coma, est loin d’être au repos. Des îlots de « capacité cognitive » continuent d’exister. Certains peuvent percevoir des sons, des mots ou des phrases donc poursuivre un processus d’apprentissage. Le développement des nouvelles technologies devraient permettre aux chercheurs, dans les années qui viennent, de mieux comprendre les capacités fonctionnelles du cerveau humain.

On laisse nos amis commencer leur première page : par exemple en mettant en scène un « réveillé » qui parle couramment le martien et qui ne sait plus nouer une cravate…


mainstream culture

Mainstream…Le mot fait fureur. Il ne s’agit pas du mouvement de Jazz créé dans les années 50 mais d’un nouveau concept. Frédéric Martel, animateur d’une émission à France Culture sur les industries créatives, considérée par mes proches comme remarquable, vient d’écrire un bouquin sur ce « mainstram ».

On livre ci-dessous la présentation de l’éditeur copié sur Amazon :

« Comment fabrique-t-on un best-seller, un hit ou un blockbuster ? Pourquoi le pop-corn et le Coca-Cola jouent-ils un rôle majeur dans l’industrie du cinéma ? Après avoir échoué en Chine, Disney et Murdoch réussiront-ils à exporter leur production en Inde ? Comment Bollywood séduit-il les Africains et les telenovelas brésiliennes, les Russes ? Pourquoi les Wallons réclament-ils des films doublés alors que les Flamands préfèrent les versions sous-titrées ? Pourquoi ce triomphe du modèle américain de l’entertainment et ce déclin de l’Europe ? Et pourquoi, finalement, les valeurs défendues par la propagande chinoise et les médias musulmans ressemblent-elles si étrangement à celles des studios Disney ?
Pour répondre à ces questions, le journaliste et chercheur Frédéric Martel a mené une longue enquête de Hollywood à Bollywood, du Japon à l’Afrique subsaharienne, du quartier général d’Al Jazeera au Qatar jusqu’au siège du géant Televisa au Mexique. Ce qu’il nous rapporte est à la fois inédit, fascinant et inquiétant : la nouvelle guerre mondiale pour les contenus a commencé.
Au coeur de cette guerre : la culture « mainstream ». De nouveaux pays émergent avec leurs médias et leur divertissement de masse. Internet décuple leur puissance. Tout s’accélère. En Inde, au Brésil, au Arabie saoudite, on se bat pour dominer le Web et pour gagner la bataille du « soft power ». On veut contrôler les mots, les images et les rêves.
Mainstream raconte cette guerre globale des médias et de la culture. Et explique comment il faut faire pour plaire à tout le monde, partout dans le monde. »

On se propose de lire et de revenir. Curieusement, on est certain de ne rien apprendre, si ce n’est que le marchand devient mondial et que les frontières n’existent plus, y compris dans la culture. Si c’est ça, mon fils (très jeune) aurait pu le dire et les exposés de Collèges l’ont déjà répété mille fois. Mais ne soyons pas aigri par le manque de nouveauté dans ce qui s’écrit et ne râlons pas comme mon meilleur ami, un bigfishant, qui a osé tapisser les murs de sa chambre d’extraite de l’Ecclésiaste et qui ne cesse de répéter que depuis Shakespeare, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Lisons d’abord, étant observé que ma table de chevet devient trop petite : on lit quelques pages de ces livres à la mode et on passe à autre chose, en se promettant, ce qui n’est pas toujours le cas, de revenir au bouquin qui traine sur ladite table étroite…Soit…

logique brillante

Un ami vient de m’écrire ces mots :

« Un diner en ville suppose que l’on puisse y briller lorsque la table n’est pas occupée par des amis intimes qui nous connaissent trop. Je te livre une petite histoire de logique qui fait toujours fureur.

Vous êtes prisonnier et surveillé par deux gardiens dans une pièce comportant deux portes. L’une des portes mène à la liberté, l’autre vers la mort.  Vos geôliers sont adorables. Ils vous permettent de poser une seule question à l’un des gardiens. Si vous trouvez la porte de la Liberté, vous sortez (en courant…). L’on sait, simplement que l’un des gardiens dit toujours la vérité alors que l’autre ment en permanence. Il y a une seule question à poser pour ne pas mourir. Laquelle ? « 

J’ai réfléchi. J’ai trouvé. J’étais très fier. Je lui ai répondu. Il m’a félicité. Essayez de trouver sans tricher, sans lire plus bas, là ou je donne la réponse.

Pas trouvé ? Allez, je vous donne la réponse :

Il suffit de s’adresser à l’un des gardiens en posant la question suivante : « Si j’interroge votre collègue sur la porte qui mène à la mort, laquelle m’indiquera t-il ? ON VOUS RÉPOND : PRENEZ SANS SOUCI LA PORTE INDIQUÉE PAR LE GARDIEN !!!

C’est simple : si la question est posée à celui qui dit toujours la vérité,  il vous répondra que son collègue menteur aurait indiqué la porte qui mène à la liberté puisqu’il ment tout le temps. Vous pouvez donc prendre la porte désignée.

Si, au contraire, vous avez posé la question au méchant gardien menteur, il vous répondra que son collègue aurait indiqué la porte qui mène à la liberté. Mais il ment tout le temps.

Ainsi, vous pouvez prendre la porte indiquée par l’un ou par l’autre puisqu’il s’agit bien de la porte qui mène à la liberté…

Il faut bien s’amuser dans les blogs et briller en société en vous étonnant que les convives ne trouvent pas immédiatement. Facile, non ?

smt, sos !

EXTRAIT D’UN ARTICLE (Express.fr daté du 09/04/2010)
« C’est le rêve de tous les dictateurs: une machine capable de modifier la pensée des individus en altérant leurs valeurs morales. Une sorte de casque comme on en voit chez les coiffeurs, qu’il suffirait de poser sur la tête d’un honnête père de famille pour le transformer illico en sadique.
Ce gadget terrifiant est sorti non pas du scénario du prochain film de Spielberg, mais du laboratoire de sciences cognitives du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston, où des chercheurs se sont livrés à une expérience surprenante sur « l’altération des jugements moraux par stimulation magnétique transcrânienne (SMT) ». Des impulsions magnétiques qui modifient l’activité cérébrale.
La technique SMT consiste à modifier l’activité des neurones dans le cerveau en appliquant des impulsions magnétiques à travers la boîte crânienne. Elle est déjà utilisée dans le traitement de la dépression et des hallucinations auditives. Quel rapport avec le jugement moral?
Les neurologues du MIT ont identifié récemment une zone de la taille d’une prune située derrière les yeux, dans le « cortex préfrontal ventromédian », qui semble déterminer les « émotions sociales », comme l’empathie ou la honte. Les malades lésés dans cette région précise, après un accident ou une tumeur, gardent leurs capacités de raisonnement, mais restent indifférents aux situations jugées scandaleuses par les gens « normaux ». Ils peuvent ainsi considérer comme tolérable une tentative de meurtre, puisque aucun mal n’a été fait.
Pour prouver sa théorie, l’équipe du MIT a utilisé des appareils de stimulation transcrânienne afin de perturber cette zone cérébrale chez des volontaires bien portants. Les cobayes ont été confrontés à une série de situations comportant des personnages dont ils ont dû juger le comportement, en le situant sur une échelle allant du « strictement interdit » au « totalement permis ». Leurs réponses se sont révélées aussi « amorales » que celles des « vrais » malades cérébro-lésés. »

On a toujours affirmé qu’il fallait remettre à plat les concepts de liberté, de conscience, de déterminisme. En bref tous les concepts philosophiques qui nous ont pris la moitié de notre temps. On n’ose pas se lancer dans la dissertation…

Philosophie pharmaceutique

Je laissais mon café refroidir à une terrasse de café lorsque j’entendis à une table voisine une voix forte, articulée, qui d’un ton péremptoire asséna : « Platon, pas Prozac ! ».

Je tournai discrètement la tête et aperçus un couple jeune et beau qui, manifestement, s’était engagé dans une discussion au demeurant conviviale, presque amoureuse. J’esquissai un sourire entendu et la femme me dévisagea. Ce qui me fit, immédiatement détester son compagnon, escroc dragueur qui connaissait trop les ficelles, les trucs et les combines qui passent par la belle et mystérieuse devise qui épate la galerie. Faiseur ! Imposteur !

J’étais donc prêt à m’associer à la conversation mais ils n’en avaient pas envie, me délaissant, me snobant, me faisant baisser la nuque. J’étais très en colère, surtout lorsqu’il lui prit la main et qu’elle ne la retira pas.

Et pourtant j’aurais pu leur dire plein de choses. Comme par exemple que la philosophie, à l’inverse de ce que nous racontent d’autres faiseurs ne sert, justement pas à éviter le Prozac, à se consoler du monde, mais, bien au contraire à faire vivre et maintenir la délicieuse inquiétude…Qu’Epicure était un angoissé et les cafés de philo une autre imposture consolidé par les « coachs » fauchés qui trouvent la manne dans des cerveaux malléables; Que..Bref mille choses.

La femme était vraiment belle.

Caute !

Il y a des jours où tout va bien. Comme hier, par exemple. Un ami me téléphone. Il rit aux éclats et je lui demande s’il vient, enfin, de terminer son bouquin, vous savez, ce roman où le héros s’acharne à détruire, en vain, sa mémoire pour rester dans l’illusion du bonheur, dit-il…

Pas du tout, réplique t-il, un peu vexé (il est vrai que comme nous tous il ne peut rien terminer…). C’est de son fils qu’il rit : il vient d’épingler sur un mur de sa chambre sa devise : « Carpe diem » (« Mets à profit le jour présent » pour ceux qui avaient oublié).

Je ris avec lui en affirmant que je le savais déjà : les adolescents ont adoré ce film avec je ne sais plus quel acteur, jouant au professeur à la pédagogie dévastatrice, qui leur intime l’ordre d’adopter ce latin très chic comme règle de vie. Et nombre d’entre eux croient à la révolution en adoptant cette locution bizarre. Un peu poissonneuse avait ironisé un malotrus…

C’est là que je vexe encore mon magifique ami en lui proposant d’ajouter, subrepticement sur un autre mur une autre devise en latin, autrement plus snob : celle de Spinoza : »Caute ! » qu’on peut traduire par « Prudence » ou « Prends garde ». Mon ami, pourtant inégalable dans les questions-réponses culturelles et qui rêve d’une retraite dorée après avoir gagner des millions dans un jeu radiophonique, ne connaissait pas ce « Caute ! ».

On a donc du lui expliquer que le Maître rappelait qu’il fallait peser ses mots pour ne pas dire trop de sottises et se protéger du fanatisme et de l’ignorance.

Il m’a répondu que j’aurais mieux fait d’appliquer la devise latine. Je n’ai pas compris.

Du nouveau dans les dîners

Diner en ville. Autour de la table, cinq femmes et moi. Elles ont connu 68 et leurs bustes sont gorgés d’innombrables colliers fantaisie. L’une d’elles n’arrête pas d’ajuster son étole de soie, pour cacher sa poitrine, fastueuse. Elle est très belle. Une autre redresse sans cesse ses lunettes pourtant juste à leur endroit. Dans leurs yeux, un passé connu, fait de luttes, de divorces  et d’adolescents furieux,  de mauvaises nuits d’angoisse. Elles ont, comme toutes à qui elles ressemblent, gardé leur visage d’adolescente. Leurs cernes sont superflus et leur lassitude vite oubliée. Elles n’ont pas dit leur dernier mot.

La conversation s’engage sur deux films au thème commun : « La journée de la jupe » et « Entre les murs ». Evidemment, elle glisse sur l’Ecole, les parents et, inévitablement sur l’immigration.

L’un de nous, je ne sais plus qui, ose considérer que le problème est réel : niveau, délinquance et irrespect, République, valeurs et éducation civique.

Bien sûr, nul n’est raciste ou « de droite », c’est certain. Personne ne stigmatise les « sans-papiers » et tout le monde s’accorde à dire que la délinquance « immigrée » n’est que le fait d’une minorité, comme l’islamisme ravageur.

Tous affirment que le procès fait à un commentateur qui avait affirmé que « la plupart des délinquants sont noirs ou arabes. C’est un fait.» n’est pas loyal ; qu’il s’agit de bonne conscience qui fait l’autruche…

Un silence et l’une des femmes nous dit : « cette conversation n’aurait pu s’engager il y a un an… ».

Que s’est-il donc passé depuis ?

PS . Dans la même veine, celle de l’interrogation sur la doxa dominante, l’on peut être surpris de lire l’article (ici) de l’excellente Elisabeth Lévy, dans le non moins excellent journal en ligne « Causeur » sur le débat initié par le commentateur précité.

illusio, illusio

« Exiger [que l’homme] abandonne toute illusion sur son état, c’est exiger qu’il renonce à un état qui a besoin d’illusions. » K. Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel.

Rien de plus fécond que cette incursion dans les mystérieux textes de Marx qui aurait mieux fait de rester jeune et de s’abstenir d’offrir aux bourreaux les prétendue fondements théoriques de la dictature.

Le traitre dans Matrix voulait bien trahir, à la seule condition de rester dans l’illusion et en exigeant son paroxysme (argent et plaisir).

P. Bourdieu employait, lui, le terme de « méconnaissance » et d’illusio ( une inconscience nécessaire à l’action, un « aveuglement » de l’acteur devant son environnement qui même s’il était perçu n’était pas nécessairement négatif.)

Question sans cesse ressassée et qu’on insère ici à la suite d’un mini-débat avec mon cousin qui m’affirme dans son dernier e-mail que (je cite) : « Celui qui sait trop n’est pas heureux ».

Il est vrai qu’il vient d’écrire un roman et son héros, d’une intelligence et d’un culture supérieure met en œuvre, laborieusement, un processus d’effacement de sa mémoire pour n’en conserver que ce qui peut le rendre « heureux ».

J’ai répondu par un e-mail très bref que je cite aussi : « N’oublies pas d’oublier de m’adresser des e-mails ineptes. Je n’en serai que plus heureux ».

Je suis penaud tant cette réponse est idiote. Mais j’ai cru, un moment (une illusion) avoir produit un très bon mot. J’ai honte et pourtant il semble que l’illusion me poursuit puisque je n’efface pas ce billet. Bref, il faut arrêter…

bio-liberté (tuer est biologique)

Mon meilleur ami me dit toujours que la seule question qui vaille d’être posée, la seule réflexion que tout individu se doit d’embrasser dans sa vie est, évidemment, celle de du couple déterminisme/liberté ou encore idéalisme/matérialisme ou même objet/conscience. En bref le sommaire de l’apprenti philosophe. Il n’a sûrement pas tort, toutes les questions se cristallisant dans l’immixtion dans les couples précités.

L’ami de mon meilleur ami, considére, quant à lui, que ces questions sont radicalement dépassées et qu’il faut s’en tenir à l’étude des neurosciences qui écrasent les turpitudes philosophiques datées et donc désuètes, en hurlant dans les diners en ville que Spinoza ou Descartes, Sartre ou Foucault ne peuvent penser le monde sans connaitre le commencement du début des avancées scientifiqes (gènes, cerveau, génome et tuti quanti..)

Antonio Damasio, professeur de psychologie, neurosciences et neurologie à l’University of Southern California, directeur du USC College Brain and Creativity Institute, professeur et chercheur associé du Salk Institute de La Jolla écrivait déja en 2001 que :

«  L’approche neurologique, contrairement à ce que craignent certains, n’enlève pas sa liberté à l’individu. Parce que notre comportement est le résultat à la fois de caractéristiques acquises dans l’évolution, et qui font partie de notre génome, et de caractéristiques créées par nos interactions avec l’environnement. Ce qui permet à la liberté culturelle et individuelle de s’exercer.La moindre de nos actions est beaucoup plus influencée par la culture que par la biologie. Néanmoins, il est très important de se rappeler que la plupart de nos créations culturelles sont celles d’individus biologiques. Donc, l’influence de la biologie est déterminante. Ce qui ne veut pas dire que l’individu ou les groupes sociaux ne peuvent pas aller à l’encontre des diktats de la biologie. Ils le font souvent. Lorsqu’un groupe social a décidé pour la première fois qu’il était interdit de tuer, il est allé contre les diktats de la biologie. » Les émotions, source de la conscience , Revue Sciences Humaines, n° 119, août-septembre 2001.

A première lecture, on est séduit par l’argument. Quand on relit, on pouffe de rire devant ce texte qui ne veut rien dire et qui mêle lapalissades et inepties. On y reviendra, en abordant (on en a peur) le débat initié depuis dix ans par les neurosciences.

1236

« La police espagnole a dû intervenir après qu’un petit groupe de musulmans autrichiens a entamé une prière au sein de la cathédrale de Cordoue. La pratique du culte musulman y est formellement interdite. Deux jeunes ont été interpellés. » Le Figaro.fr 02/04/2010

Tous, ou presque tous, savent que la cathédrale de Cordoue est un lieu symbolique des luttes historiques entre chrétiens et musulmans (au même titre que l’ancienne basilique Sainte-Sophie à Istanbul). Lorsque les musulmans s’établirent à Cordoue au 8ème siècle, ils rachetèrent le terrain de l’église Saint-Vincent pour y établir une mosquée. Edifiée en 785, cette dernière restera pendant quatre siècles la deuxième plus grande mosquée du monde derrière celle de La Mecque. Une des plus belles aussi. Quand les catholiques reprennent la main sur le bâtiment en 1236, après la Reconquista, le bâtiment redevient église, puis cathédrale.

On ne veut commenter cette prière en « territoire chrétien », même si l’on ose dire qu’on est affligé devant l’évènement. Mon fils est en train de réviser un chapitre d’histoire traitant des guerres de religion et il serait trop facile de lui passer l’info. J’imagine parfaitement sa réaction : il criera, certain d’un bon mot « Retour vers le futur ! » . Donc, sans commentaires…

les canards et les jaguars

On attire le lecteur par un titre mystérieux. Le procédé est honteux, mais on pense, encore, à nos enfants qui peuvent s’aventurer ici et tous les stratagèmes nous semblent bons.

On veut revenir sur le débat, fort ancien (2006 !) entre Philippe Descola, anthropologue intelligent, auteur du magistral « Par delà nature et culture, Gallimard 2005) » et une réponse aux thèses qu’il contient par Jean-Pierre DIGARD (« Canards sauvages ou enfants du Bon Dieu ? Représentation du réel et réalité des représentations », L’Homme, n° 177-178, janvier-juin 2006, p. 413-428.). Réponse qui a suscité une réponse de Descola (« Soyons réalistes, demandez l’impossible. Réponse à Jean-Pierre Digard », L’Homme, n° 177-178, janvier-juin 2006, p. 429-434).

Dans cette réponse à la réponse, Descola précise : « Non, je ne me transforme pas en jaguar à la nuit tombée, et je suis persuadé qu’aucun humain n’a cette faculté ».

On imagine, par cette phrase, ce dont il s’agit et qu’on tente de résumer :

Philippe Descola, dans son ouvrage remettait en cause les présupposés de l’anthropologie ou plutôt le sens commun lorsqu’il se penchait sur le couple infernal « Nature-Culture », qui danse toujours au milieu de toute pensée, en tous cas occidentale. Il nous disait que :

« La manière dont l’Occident moderne se représente la nature est la chose du monde la moins bien partagée. Dans de nombreuses régions de la planète, les non-humains ne sont pas conçus comme se développant dans des mondes incommunicables et selon des principes séparés. »

Il rappelait donc, en relatant la perception des Achouars qui l’avaient accueilli près de deux ans (qui se transformaient donc en jaguar la nuit tombée, n’établissant aucune distinction entre les hommes et les non-humains…)  qu’il existe donc mille milliards de façons différentes d’appréhender ou de penser les relations entre l’homme et la « Nature » (son environnement, pour aller vite)

Ainsi, l’animisme affirme que les animaux, les plantes possèdent une « une intentionnalité proprement humaine ». Ce qui change, c’est uniquement leur image physique. Perception à l’opposé de la science qui, certes, placent l’homme dans le règne animal (du point de vue biologique ou physique) mais le considère comme mentalement différent de l’animal non-humain. Science moderne qui selon P. Descola  fonde, en réalité, un « -isme » de plus (le « naturalisme »), qui n’est qu’une opinion.

Ce naturalisme qui est selon P.Descola « simplement la croyance que la nature existe, autrement dit que certaines entités doivent leur existence et leur développement à un principe étranger aux effets de la volonté humaine typique des cosmologies occidentales depuis Platon et Aristote, le naturalisme produit un domaine ontologique spécifique, un lieu d’ordre ou de nécessité où rien n’advient sans une cause, que cette cause soit référée à l’instance transcendante ou qu’elle soit immanente à la texture du monde. Dans la mesure où le naturalisme est le principe directeur de notre propre cosmologie et qu’il imbibe notre sens commun et notre principe scientifique, il est devenu pour nous un présupposé en quelque sorte « naturel » qui structure notre épistémologie et en particulier notre perception des autres modes d’identification »

Naturalisme, matérialisme biologique ou même la méthode scientifique n’étant que points de vue, on ne voit pas, dès lors, pourquoi on leur accorderait une supériorité au regard de la pensée, du savoir traditionnels, comme ceux des Achouars.

JP Digard lui répond en s’étonnant qu’un esprit aussi puissant puisse omettre le b-a-ba : la distinction entre faits et représentations qui permet de ne pas accorder une valeur scientifique aux représentations des hommes de la forêt.

« Or, cette imprudence, Descola la commet, à la suite de Bruno Latour, dont il se réclame d’ailleurs, et d’autres constructionnistes, pour qui il n’existe pas d’autres réalités que les représentations que s’en font les acteurs sociaux. La vision descolienne des catégories vernaculaires comme (étant) des réalités objectives n’est en somme qu’une sorte de décalque inversé de la vision latourienne de la science comme d’un “mythe” parmi d’autres. Il y a là, pour le moins, un déni de la science que l’on est surpris de trouver dans un ouvrage de ce niveau. » (JP DIGARD, op cit, p. 425).

Pour ceux qui l’auraient oublié, Bruno Latour affirmait quant à lui dans un ouvrage paru en 1991 (Bruno Latour, 1991
Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique. 1991, rééd. La Découverte, 2006)
que les faits scientifiques n’étaient que représentations…

Et Digard ajoute ainsi que :

« […] En suggérant que les représentations indigènes valent autant, et souvent mieux, que la connaissance positive,enfin en oubliant que celle-ci n’est pas occidentale mais scientifique et, donc, à vocation universelle — du moins s’y efforce-t-on —, Descola verse en outre dans un relativisme radical qui, s’il permet d’éclairer d’un jour particulier la diversité culturelle en situant « notre propre exotisme comme un cas particulier au sein d’une gamme générale des cosmologies » (Descola p. 131), ne fait guère progresser la connaissance de l’unité de l’espèce humaine, qui constitue, selon moi, le coeur du projet anthropologique. » (p. 425).

Relativisme, la plaie…(On y reviendra par le commentaire des articles de l’excellente revue en ligne « Tracés. voir barre latérale du site pour y accéder).

Ce débat est, évidemment crucial et l’on ne veut qu’en poser les termes. Il génèrent les seules questions qui méritent d’être posées . Peut-on affirmer l’égalité radicale des valeurs, attribuer une vérité égale aux représentations, et faire tomber dans un « isme » les faits scientifiques, supposés universels, « professer jusqu’au bout l’égale valeur de vérité des culture » ?

Débat qu’il ne faut pas confondre avec celui de la diversité des cultures, fait acquis et inébranlable dans l’appréciation des « identités » et dont le maître de P.Descola, Claude Lévi-Strauss avait contribué à sa vulgarisation (tout en parlant « d’impolitesse » à l’occasion du débat ancien sur le voile…

On arrête et on reprendra dans un prochain billet. La nuit tombe, les jaguars deviennent des hommes, les hommes des panthères et les canards sauvages s’endorment

gauche Marrakech

On connaissait la « gauche caviar », « l’ultra-gauche », la « droite la plus bête du monde » et presque toutes les formules du prêt-à-écrire. Mais on avoue qu’on ne connaissait pas encore la locution « gauche Marrakech » qu’on vient de lire sous la plume d’André Bercoff dans un article polémique (le Monde.fr 14/01 Page débats), à propos de la Burqa. Soit…

bright star ou le glissement du rien

On est allé hier au cinéma. Bright star de Jane Campion, histoire des amours romantiques et donc malheureuses du poète anglais Keats et de sa voisine, embrassés, enveloppés dans les lumières divines d’une campagne de rêve. Amour impossible et, partant, évidemment grandiose et éclatant…

On a lu l’interview de la réalisatrice de talent dans le Figaro.fr. Un extrait :

« Vous jouez beaucoup avec le mystère, la frustration et l’érotisme des personnages au milieu d’une nature luxuriante. Celle-là semble participer à ce tumulte des sens et sentiments »

Il était important pour moi de cultiver le mystère de cette relation exceptionnelle, ne pas tout dévoiler, laisser vivre ces personnages au milieu d’une nature qui respire la générosité et la sensualité au fil des saisons. Filmer un arbre, écouter le souffle du vent sur des champs de fleurs, observer le vol de papillons dans une chambre, s’attacher à un baiser. »

On s’est réveillé ce matin en se posant la seule question qui vaille après un film : Que nous en reste-t-il ?

On s’est répondu : rien.

Le romantisme magnifiquement filmé, la belle image bien cadrée, les amours d’un romantisme incandescent glissent dans la mémoire, glissent encore jusqu’à leur évanouissement. Et le déjà vu ne fait rien voir. Convenu. (j’avais écrit « vain », puis « inutile » mais j’ai effacé, l’œuvre d’art même glissante, ou du moins celle qui se donne comme telle n’étant jamais vaine, même lorsqu’elle se répète, ou, justement parce qu’elle se répète. Il faut toujours se draper dans l’indulgence).

impolitesse

« Pour moi, il s’agit tout simplement d’une impolitesse ». Tous ou presque connaissent la petite phrase de Claude Levi-Strauss formulant son avis lors du débat sur le voile. Réponse qui place le débat là où on ne l’attend pas, hors des terrains désastreux de la haine et qui configure  un discours intelligent. On a voulu la rappeler ici, pour les enfants qui s’aventurent dans la pensée.

Tuttalpiù muoio

Il s’agit du titre d’un roman italien de Filippo Timi et Edoardo Albinati, non traduit en français et qu’on peut traduire par « au pire, je meurs ». Une sorte de formule magique d’éloignement de la peur.

PS. On a trouvé ladite formule dans un éditorial d’Alexandre Lacroix, philosophe et romancier de grand talent, en première page du n° 34 de l’excellente revue « Philosophie Magazine »

Micmacro

Ci-dessous la réponse de Georges Smoot, prix Nobel de Physique 2006 à une question d’un journaliste de l’excellente revue “Sciences et Avenir”

Le mystère des origines de l’Univers est-il résolu ?
Loin de là. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi l’Univers est si uniforme. Ou encore quel est le mécanisme détaillé de formation des structures. Ce sont des questions qui restent ouvertes pour les prochaines générations de chercheurs. Aujourd’hui, nous devons tester les théories qui tentent de réunir la physique de l’infiniment grand avec celle de l’infiniment petit. Car au tout début, l’Univers était extrêmement petit, de l’ordre du millième de la taille d’un proton. Pour expliquer ce moment, nous devons faire appel non seulement à la relativité générale, mais aussi à la mécanique quantique. Ensuite, à partir de 10 -30 seconde, l’Univers a vu sa taille augmenter sous l’effet de l’inflation : il est passé du microscopique au macroscopique. Il lui a fallu ensuite quelque 15 milliards d’années pour arriver jusqu’à nous. C’est une histoire qui paraît incroyable. Pourtant, les scientifiques l’ont testée expérimentalement, étape après étape”

Strangers in the world

Hier, j’ai pu entendre une conversation téléphonique de l’un de nos enfants, en tendant l’oreille, ce qui n’est pas, j’en conviens, louable..

Je donne ici la phrase que j’ai entendue, prononcée très distinctement, comme si l’on voulait que je la capte, ce qui me déculpabilise donc de cette vilénie dans l’intimité :

“6,7 milliards d’hommes dans le monde, 63 millions en France, ce qui fait, pour nous 99% d’étrangers..”

Malum

On a raconté hier à l’un des nos enfants l’histoire des mots autour de la pomme d’Adam. Rapidement :

Pomme d’Adam : il l’a croquée. Et le fruit lui est resté en travers de la gorge. D’où cette protubérance qui trahit les travestis. Reste que notre Eve biblique l’a également englouti et qu’elle est donc “passée”, eu égard à son invisibilité.

Malum : les traducteurs de la même Bible ont traduit le mot latin par pomme. Mais il signifie également “fruit”.

– Malum = le Mal. Donc, ça pourrait être n’importe quel fruit. Comme par exemple une pastèque ou une poire. Comme quoi l’Humanité se construit sur une traduction approximative , découvert par cette ingestion.

L’e-mail d’un ami

Un ami, très cher, vient de nous adresser un courrier électronique que je reproduis ci-dessous :

” Cher ami,

Que préféres-tu lire quand tu traines au lit : Raymond Chandler qui nous décrit un cocktail hollywoodien en écrivant que “le ton est monté en quelques minutes de deux verres” ou Bernard-Henri Lévy qui affirme que “les banlieues sont le grand trou noir de la reflexion politique contemporaine” ou encore Alain Finkielkraut qui assène que “la pensée française pratique à nouveau le scepticisme miséricordieux”, ou peut-être Jean-Claude Michea qui prétend que “tout est de la faute de la civilisation juridico-marchande”.

Moi, maintenant, ce jour même, c’est Chandler, étant observé que -j’ai honte- je commence à oublier l’altruisme”

Ton ami”

Sontag, Castoriadis, Mattei

Trois extraits de la pensée sur la civilisation occidentale.

L’un de Susan Sontag en 1967:

« La vérité est que Mozart, Pascal, l’algèbre de Boole, Shakespeare, le régime parlementaire, les églises baroques, Newton, l’émancipation des femmes, Kant, Marx, les ballets de Balanchine, etc., ne rachètent pas ce que cette civilisation particulière a déversé sur le monde. La race blanche est le cancer de l’humanité..”

Une autre de Castoriadis :

« Il y a dans l’histoire occidentale, comme dans toutes les autres, des atrocités et des horreurs, mais il n’y a que l’Occident qui a créé cette capacité de contestation interne, de mise en cause de ses propres institutions et de ses propres idées, au nom d’une discussion raisonnable entre êtres humains qui reste infiniment ouverte et ne connaît pas de dogme ultime »

Une dernier de Jean-François Mattei, auteur de “le regard vide. Essai sur l’épuisement de la culture européenne. Flammarion :

“Depuis l’essor de la raison grecque jusqu’aux Lumières, en passant par ce qu’il appelle « la greffe chrétienne », l’Europe a été le continent de la conquête la plus éminente qui soit : celle de la pensée.”

Sans commentaire.

Tarde

Si l’on pratique un tout petit peu l’espagnol, on pourrait croire qu’il s’agit ici les mérites des fins d’après-midi et finir son billet sur un “buenas tarde”. Il n’en est rien. C’est de Tarde Gabriel qu’il s’agit ici.

On l’avait un peu oublié ce Gabriel Tarde, concurrent de Durkheim, à une époque où la Sociologie faisait encore débat. Certains évènements récents, concomitants d’une relecture non hasardeuse nous l’a remis sa théorie dans un coin du cerveau.

Auteur de deux ouvrages considérés, à son époque (1890-1900) comme majeurs (”les lois de l’imitation” et “l’opinion et la foule”), étudiés vaguement par ceux qui ont pu sévir dans les facs de Sociologie, il est donc l’inventeur d’une théorie pas si curieuse que ça.

En résumé : les êtres humains sont reliés entre eux comme les cellules du corps, leur liaison étant quasi magnétique. Et comme lesdites forces, rayonnent entre les êtres un courant d’imitation absorbés par les mêmes qui croient qu’elles viennent de leur propre subjectivité. L’homme serait ainsi comme un somnanbule dont rien ne vient de lui-même puisqu’il est “relié” aux autres qu’il imite. Et chacun essaye, constamment, de ressembler aux autres. Ce qui rend, d’ailleurs la vie plus facile, s’appropriant les idées, les gestes des autres, les transformant quelque peu.

Et celui qui sait agencer de manière nouvelle les flux d’imitation pour en créer un nouveau est le génie.

Théorie de l’imitation par contagion, qui se retrouve dans l’histoire, notamment par les flux d’imitation entre les peuples, technique, philosophiques, et bien sûr explicative de la notion d’opinion publique

On peut comprendre que cette théorie semble un peu désuète et primaire pour beaucoup. Tautologie, évidemment.

Cependant, quand il s’agit de se faire entendre en parlant de mode, de jeunisme, de massification, bref de lieux communs des méchouis des dimanches, la référence à ces notions tardiennes peut, de par la quasi méconnaissance de cet auteur dont le nom sonne bien, aider à faire l’intéressant, à parler magnifiquement de n’importe quoi, y compris des auteurs qu’on n’a pas lus.

Buenas tarde !! (je n’ai pu m’en empêcher..)

Nécessaire reconnaissance de la nécessité

Un ami, décidément en proie, ce matin, à des angoisses  certainement en relation avec l’apparition sur son ordinateur d’un “widget” météo grisâtre, a osé me réveiller en me posant mille questions (“pour avis”) sur la relation entre liberté et déterminisme. En m’affirmant qu’il n’avait pas dormi, persuadé qu’il n’existait pas, “puisqu’il n’était pas libre”.

Décidément Sartre a fait des ravages…

Tout en pestant contre le goût affreux de ce nouveau café, on lui a rappelé, pour contribuer au contenu de ses nuits blanches, que c’est dans la nécessité qu’il fallait chercher; que ”la liberté n’est ni la négation de la nécessité, ni même sa simple conscience (comme dans le stoïcisme), mais sa connaissance active”. Comme pouvait le penser, nécessairement l’ami Spinoza.

Il nous a raccroché au nez, en nous traitant de sadique. On n’a pas compris pourquoi.

Montaigne, très chic

Il ne s’agit pas, comme le croit mon fils qui lit par-dessus mon épaule, de décrire une Avenue parisienne du même nom, mais plus simplement de revenir à celui que beaucoup considèrent comme un maître, un grand maître, souvent, comme toujours sans l’avoir lu ou en ayant tenté de le lire et en abandonnant, tant la lecture, même lorsque le vieux français est traduit, est difficile, les expressions donnant souvent lieu à contresens où à perplexité.

Donc, Montaigne. Juif maranne, paraît-il, de source sûre, ce qui, évidemment n’excuse ou n’ajoute rien.

On y est donc revenu, difficilement, on l’avoue, pour revoir et comprendre l’engouement de certains de nos intellectuels ou philosophes qui se posent sur le trio Epicure, Spinoza, Montaigne.

On a même acheté sur Amazon  le bouquin de Marcel Conche, philosophe de haut vol, et que l’on admire, grâce à Comte-Sponville, malgré ses litanies sur la Nature entendue plus comme celle de la Corrèze que comme celle du Tout (Montaigne ou la conscience heureuse. Puf. 18 euros)

Alors ? En gros :

– aucun devoir de prendre part au malheur des pauvres ou d’embarasser son âme des maux d’autrui, les siens pouvant suffire. “Privilège d’insensibilité”. Pas d’obligation d’amour qui accroîtrait la tristesse

– pas de devoir de souffrir, la souffrance étant à fuir.

– pas chrétien, volonté de contentement de la vie telle qu’elle est sans attendre l’autre, ailleurs, après..

– pas de sentiment de culpabilité.

– Bonté et compassion naturelles, notamment envers les pauvres ce qui contredit une des premières propositions

– contre la bassesse des hommes, leur cruauté, leur action dans le mal.

– méfiance de la politique, laquelle n’est pas la morale..ce qui permet de prôner l’abstention en politique (l’inaction étant la meilleure des actions) Ainsi comme le souligne Conche “par l’action politique nous construisons le temps, par l’action morale, nous construisons l’éternité”.

ne toucher à rien, de peur de rompre l’équilibre précaire d’une situation à accepter comme telle, y compris le régime en place, tout obéissant à des lois naturelles autonomes et fragiles (”tout ce qui branle ne tombe pas“). Donc sujet fidèle et obéissant.

-rester dans le concret et le détail, sans grand dessein, sans “illimité”, seuls comptant la tâche sans lustre et, évidemment la recherche de la sagesse.

– sagesse dans l’acceptation pure et simple de la vie telle qu’elle est, sans fioritures de pensée, dans la nécéssité naturelle (ce doit être ici que d’aucuns croient, inocemment faire le paralèlle avec Spinoza)

– en bref : être naturel, connaitre sa nature etc, etc..la vraie vie étant ici, sans circonvolutions de l’esprit. Le sage est évidemment celui qui est mesuré, non “ondoyant”, ni “divers”. Il est “constant”

– inutile d’écrire pour les autres ou les “améliorer”, Montaigne se “fout” des autres, les “insensés”.

– bien sûr : “connais toi toi même”, chercheur de sagesse, sans te croire une exception dans la nature, fin, déjà de l”exception humaine”, Dieu ne faisant dans le tout aucune différence entre ses créatures..Dieu d’ailleurs non connaissable..et les dogmatiques, ceux de “l’illimité’, de la théorie sont aussi des “insensés”..

Et, enfin, une grande pensée : la philosophie est apprentissage de la sagesse, la sagesse art d’être heureux, la vie une liberté, contre la vanité, sans s’attacher à une doctrine puisque ce qui est bien pour l’un peut ne pas l’être pour l’autre.

Etc…etc…

Alors après cette relecture, que dire ?. A vrai dire pas grand chose tant il est vrai que les pensées de Montaigne nous semblent un peu “téléphonées”, dans l’écuelle du sens commun après être passés dans le tamis du snobisme ou du lecteur du Point (”hors-séries).

Mais on doit se tromper, on en est sûr.

Neuroéthique

On veut, ici, simplement renvoyer le lecteur à la lecture d’un article (ici) passionnant écrit par Stanislas Dehaene, dans l’excellent site « La vie des Idées » (lien dans la barre latérale).

Il recense deux ouvrages sur la « neuroéthique » (Bernard Baertschi, La neuroéthique : ce que les neurosciences font à nos conceptions morales. Éditions La découverte, 2009 ;  Kathinka Evers, Neuroéthique : quand la matière s’éveille. Editions Odile Jacob, 2009).

Neuroéthique : « discipline émergente à la frontière de la philosophie et des neurosciences ».Elle est définie comme suit :

« La neuroéthique fondamentale s’interroge sur la manière dont la connaissance de l’architecture fonctionnelle du cerveau et de son évolution peut approfondir la compréhension que nous avons de notre identité personnelle, de la conscience et de l’intentionnalité, ce qui inclut le développement de la pensée morale et du jugement moral ; la neuroéthique appliquée étudie l’éthique des neurosciences, par exemple les problèmes éthiques que soulèvent les techniques d’imagerie neuronale, l’amélioration cognitive ou la neuropharmacologie. » (K. Evers, p. 204-205)

L’avancée des découvertes scientifiques dans ce domaine est, certainement de nature à bouleverser l’intitulé des interrogations philosophiques : Persistance du libre-arbitre ? Choix rationnels ? Incursion du facteur émotionnel ? Bases cérébrales de nos jugements moraux ?

On reviendra sur ces questions essentielles, à l’occasion d’une contribution sur les propositions de Jean-Pierre Changeux et l’apport de la génétique.

Nul ne peut faire l’impasse sur ces questions et les ranger dans le champ des débats spécialisés. On ajoute que l’on vient de découvrir le gène de la curiosité…

La Mettrie

Le billet précédent, devenu le billet suivant du fait de la structure temporelle des blogs (Lucrèce, pas Borgia), revenait sur un nom du regard européen. On s’est souvenu immédiatement d’une autre conversation, autour des mêmes camemberts, il y a fort longtemps. Un immense ami des Lumières, même pas pédant, nous avait délivré une injonction de lire La Mettrie et son “Homme-Machine“,  “suite d’un trio Lucrèce-Epicure/Spinoza/La Mettrie”, avait-il ajouté.

On ne résiste pas, au risque de transformer ces billets en affreux catalogue à la Flaubert,  de rappeler, en hommage à notre ami précité qui est ce La Mettrie, même, si, bien sûr, tous ici ne connaissent que lui. L’on s’est dit aussi que notre petit blog peut, égoistement, nous servir d’aide-mémoire, pour le cas ou Alzheimer nous rattraperait, en nous clouant dans le néant.

Donc, Julien Offroy de La Mettrie, auteur de cet “Homme-Machine” écrit en 1748 figure parmi les “jeteurs sur le papier des pensée fortes sur la matérialisme”. Matérialisme mécanique et non dynamique, ce en quoi il s’éloigne d’Epicure et Spinoza, matérialisme biologique et éthique, dans la lignée des Maîtres.

Et, plutôt que de paraphraser, on offre ici, outre le texte lui-même, une présentation lumineuse de l’oeuvre par Christophe Paillard, glané sur le Net par un homme-machine. Cliquer ici, si vous voulez lire.

Lucrèce, pas Borgia

Les noms sont dans les mémoires comme des fils de coton, filandreux, vaporeux et joueurs. Hier, on (moi) a raconté à nos amis le bonheur d’une relecture de Lucrèce, son style lumineux dans l’incursion dans la “Nature des choses”. ”Poème scientifique” inégalé de ce chantre de l’Epicurisme. Et on a entendu une voix,  suave, posée, en tous cas sérieuse, venue d’un coin de table, questionner : “Lucrèce ? Lucrèce Borgia ?”. On avait le choix : soit rire, soit embrayer dans la leçon pédante sur « l’un des plus grands textes que l’humanité ait pu produire, rappelant que la Grèce avait son Iliade et Rome son “De Natura rerum” (”la Nature des choses”) de ce Lucrèce là, contemporain de Cicéron; que la force de ces “vers de science” était inégalée; que,  que…etc…etc..

On a préféré amorcer une discussion sérieuse sur la tendance des camemberts contemporains à être trop croûteux..

Si certains veulent, ce qui constitue le minimum, malgré la mode de la discussion sur les livres non lus avec d’autres qui ne les ont pas ouverts, lire LE TEXTE (DE LA NATURE DES CHOSES), CLIQUER ICI pour une traduction classique ou ici (Livre I), pour une autre traduction.